A travers ce documentaire la cinéaste Emmanuelle de Riedmatten, rend hommage à l’engagement et au travail d’une pionnière de la vidéo de reportage décédée le 22 octobre 2009.
Mais d’abord, qui est Carole Roussopoulos?
Elle naît Carole De Kalbermatten, à Lausanne, en 1945, issue de la bonne bourgeoisie de Sion, elle passe une enfance choyée et privilégiée en Valais.
Pas de télévisions dans les foyers à cette époque. Son contact avec le cinéma, également, est inexistant pendant toute sa prime jeunesse.
Bref, elle s’ennuie ferme et son avenir semble tout programmé.
Tout s’accélère lorsqu’elle part à Paris en 1967, où elle travaille pour le magazine Vogue.
Elle va entrer en contact avec des écrivains(Jean Genet) et les mouvements de contestation.
Elle fait également la rencontre d’un exilé grec: le peintre Paul Roussopoulos. Celui-ci, l’invite à le rejoindre en Tunisie pour les fêtes de Noël, dès lors ils ne vont plus jamais se quitter.
Surviennent les événements de mai 68, puis en 1969, alors que certains prennent la plume, Carole se saisit spontanément d’une des premières caméras vidéo légères Sony pour témoigner et donner la parole aux autres.
Sans à priori, ni inhibitions elle se jette à l’eau(Godard, par ailleurs premier acquéreur d’une de ces caméras, présent à ses obsèques lui enviera ce courage là).
Tout au long des années 70 elle est partie prenante des engagements pour le droit à l’avortement, l’égalité sexuelle.
Avec son groupe de vidéo militante « Video Out » elle donne la parole aux exclus des médias: les ouvriers, les prostitué(e)s, les homosexuels et lesbiennes.
A partir de 1973 et jusqu’en 1976, cette parfaite autodidactique enseigne la vidéo à l’Université de Vincennes, où elle aura comme élève l’actrice et amie Delphine Seyrig.
En compagnie de Seyrig et Iona Wieder elles vont créer le Centre de l’Audiovisuel Simone de Beauvoir, dont le but sera de recenser et promouvoir toutes les créations de femmes ou abordant le droit des femmes.
Suivra une période(1986/1994) pendant laquelle, Carole prend en main « L’Entrepôt » une salle Art et Essai de Paris dont s’occupait auparavant son ami Frédéric Mitterrand.
La dernière partie de sa vie et un retour aux sources et voit son retour en Valais, elle y reçoit des prix et récompenses officielles dont elle ne fera que peu de cas.
Un cancer, viendra arrêter la course de cette infatigable travailleuse.
Ce passionnant documentaire, retrace à la fois toute une période, foisonnante , ses combats, mais aussi le courage la détermination d’une personne, quittant son petit monde étroit et convenu pour se jeter à corps perdu dans une aventure humaine permanente.
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