Arcade Fire /My heart belongs to Cecilia Winter, la comparaison est évidente. Le groupe quebecois des frangins Butler à dessiné une route, un boulevard dans le monde du rock indépendant: « My Heart belongs to cecilia winter » s’y est engouffré avec panache et culot. Le trio sans prétention de Zurich commence à se faire un nom sur la scène Suisse et Européenne. Son périple passa par le Nouveau Monde (Fribourg) un soir de Septembre 2010. Fribourg, pas forcément la ville qui se dandine au rythme infernal du Rock, sauf dans ce micro-monde gouverné par deux royaumes résistants, connaisseurs et pas cafteurs pour un sou: Frison et le Nouveau monde.
Tout d’abord, coup de chapeau à la programmation de ce dernier, qui, réfléchie et assumée comme on aime, n’hésite pas à booker des artistes novateurs et dans l’air du temps, déterminés à faire passer la Suisse pour un pays loin du déjeuner en paix du suisso-camarguais Eicher qui obéit au doigt et à l’oeil au « ta-ta-ta-ta-la CHIHUAHUA » de l’icône difficilement assumée DJ Bobo. Le Rock est inusable, certes il puise ses inspirations dans le passé, mais il peut s’avérer transformiste, à l’image du leader de My Heart… au visage pailleté et look classieux androgyne. La triplette est la bonne formule quand on veux assurer un show musclé et rythmé. My heart belongs to Cecilia Winter jouit de deux frontman complémentaires, l’un ayant besoin de l’autre, Thom Luz en tige fantaisiste et Betty Fisher en fleur imposante de beauté, épanouie, et au chant toujours juste.
Le concert commence plutôt calmement, les musiciens prenant peu à peu place derrière leurs fûts de batterie, basse et guitare rythmique… « D’entrée, My heart, my heart » annonce le topo amorcé par le modèle évident Arcade Fire (sur l’album Funeral), quoiqu’un peu chamboulé par des rythmiques et des chants à deux voix dignes de Jesus and Mary Chain et The Cure (« Never ever mountain »). L’énergie, la générosité et les tubes potentiels sont là (« Lights out », « Guide me to the starts », « Lover »), Betty pose sa voix comme un voile idyllique sur un « When the devils speaks my name » aux prémices langoureux s’échouant sur un final punko-moderne que les Libertines n’auraient pas renié. Concert rythmé, basse omniprésente, on n’a pas le temps de s’ennuyer, la montre s’épuise bien avant nous, un poil jalouse que notre regard ne cesse de fixer le renouveau du rock made in Zurich. My heart belongs to Cecilia Winter est définitivement la bonne surprise du rock indépendant local et malgré son côté lisse et tendre sur album (« Our love will cut through everything »), le groupe peut s’appuyer sur sa dynamique culottée et un certain charisme scénique en espérant de tout coeur ne pas souffrir de la comparaison dangereuse avec ses acolytes canadiens confirmés. Seul petit regret qui mériterait d’être corrigé, l’absence quasi-totale de claviers, qui pourraient apporter un son plus lourd et profond à une musique qui a déjà bien entamé nos tripes, ce soir, au Nouveau Monde… Encore un petit effort, comme une mayonnaise d’influences rebelles et novatrices, ce groupe a marqué des points…
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