Tobias Jungt, fou et polyglotte, prend son pied à jouer le flic poétique (…).
BONAPARTE résume l’inverse de ce qu’on a l’habitude de voir et d’entendre par chez nous, ce n’est pas pour rien par ailleurs que cette troupe d’étranges forans rockeurs cartonne d’avantage dans les pays germanophones. A tort d’ailleurs, car Tobias Jungt, ce fou polyglotte et leader originaire de la région zurichoise, n’hésite pas à faire de sa personne un symbole d’exemple de ce que la déviance à de bon. Son attitude est punk, sa musique se place entre de l’électro basique, du rock d’asile psychiatrique et de la pop hystérique, rien ne l’arrête et il prend son pied à jouer le flic poétique.
UNE ORGIE D’ORIGINAL
Afin d’introduire les non initiés, il faut savoir que BONAPARTE est avant tout un concept très à part. Un groupe que l’on peut qualifier d’ « orgie-nal », terme qui mérite des explications ;
LE LIVE là où la magie de BONAPARTE prend tout son sens: prenez une bande de dix jeunes gens beaux et pleine santé mentale et corporelle, (s’)enfiler des costumes des plus extravagants et jouer les gigolos à l’image de leur mentor, se mettre à poil parfois même sur scène avec toutes sortes d’accessoires, donner leur âme à la scène. Tout ça dans un esprit joueur et bon enfant, à prendre au dernier degré.
PLATONIQUE OU REVOLUTIONNAIRE CHIC?
Dès leur premier album, BONAPARTE a fait des fans mais aussi des sceptiques. Car même si les concerts et le concept fait rire et plaît à la majorité de l’audience, l’on peut être en reste sur la qualité de la musique. Sorti en 2008, « Too Much » avait un goût de révolution et de novation; sorti en période creuse de groupes helvétiques, ses textes comme par exemple I’m « Anti Anti » ont osé parler de tout, de drogues, politique et sexe, mais parfois aussi de rien, le non-sens faisant aussi partie intégrante des lyrics. C’est la voie qu’ont pris les albums suivants, devenant plus électroniques et « brain-washing », moins intéressants il faut le dire… et en rire. Car toujours d’actualité, l’humour et la fraîcheur sauve la mise de BONAPARTE, qui se sont depuis implantés à Berlin, peut-être est-ce la raison de la place que prend l’électro dans leur musique depuis.
BONAPARTE, quatrième album sorti cette année… NOT SO MUCH!
Difficile de faire un diagnostic de musique aussi atypique, surtout lorsque l’on ne prend pas de drogue et mène une hygiène de vie saine (à peu près du moins). Tobias n’a pas lâché ses cheveux roses et n’a pas perdu un brin de son inventivité, peut-être a-t-il troqué un petit peu de son « j’m’en foutisme » avec une sensibilité plus avérée, par exemple sur les titres « If We Lived Here », ou même sur l’introduction instrumentale de l’album qui sans qu’on s’y attende… part en mauvaise jam électro placébienne. Quelques raclement de gorge, on redresse son siège, on relativise. Mais « Me So Selfie », n’évoque pas non plus le moindre rebond, peut-être « I Wanna Sue Someone » avec son côté The Hives sympa saurait remonter la cote du douze titres. « Into The Wild » tient le palmarès de la chanson la plus médiocre, si jamais vous achetiez l’album en entier sur iTunes, sachez que vous pourriez garder 50 centimes pour un café – voire pourquoi pas éventualiser d’acheter une cafetière et économiser sur toute l’histoire. Le son minimal de la batterie électronique et de la guitare cheap enregistrée dans la cuisine était une bonne idée, mais celà tend à s’user. Garder vos sous pour leurs concerts, d’ailleurs le prochain sera aux Docks de Lausanne en octobre. A bon(-aparte) entendeur!
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