Bob Dylan nous enterrera tous. Ou du moins sa musique le fera, à la pelle. L’affiche, d’un goût plus arriéré que vintage, promettait d’être belle, surtout dans sa deuxième partie. Bob « Dieu » Dylan ouvert par Mark Knopfler. Concernant ce dernier, la plupart du public était venue avec l’espoir d’écouter un ou deux vieux tubes de Dire Straits. Pour faire vite et au bout d’un énième regard posé sur son poignet, le show fut carré mais peu élégant, à l’image de son auteur, aussi blasé que mal sapé. Pas ou peu d’ambiance pour l’extraterrestre de Dire Straits. Huit musiciens sur scène? Plus on est de fous, plus on… s’ennuie. Alors d’accord, Knopfler est un virtuose, et on est content pour lui. Mais son récital strato-folklorique pour quinqua ne prend pas. Le répertoire post-Dire Straits n’a rien d’emballant, c’est flagrant, mais stoppons les amalgames, Knopfler, en « Lord » pentatonique, nous a fait des gammes.
Bien sûr, on peut se demander: mais pourquoi encore écrire sur Dylan? Son « Never ending tour » n’en finit plus et découragerait sans peine les publicitaires les plus inventifs. A proprement parler, Dylan ne se considère pas en tournée - en fait, je joue un certain nombre de concerts par année, ce n’est pas une tournée pour promouvoir tel ou tel chose. Je pourrais m’arrêter du jour au lendemain. Une partie de moi veut continuer, une autre partie voudrait en finir une fois pour toutes - ce qui, d’emblée, l’exclut des vieux rockers racoleurs tiraillés entre l’envie de prouver et les impayés insouciants au fisc. Une pierre qui roule personnifiée et que rien (ou pas grand chose) ne semble pouvoir arrêter? Le ragondin rauque and roll sort du terrier….
En allant fouiller sur les sites de fans du monde entier, on savait que les dernières setlists du Zim’ tendaient vers le Rock, même si Bob, au fil du temps, a troqué sa six cordes électrique pour un clavier pépère. Mais ça, on le savait déjà. De plus, avec Dylan, les concerts se suivent mais ne se ressemblent pas. De la bouche de l’intéressé, faire vivre ses chansons, les transformer, les adapter aux musiciens que l’on a sous la main, c’est ça la légitimité live, le fondement d’une bonne représentation, voire d’une carrière qui dure (depuis 50 ans). Figer son répertoire scénique dans une standardisation « format CD » le tuerait, probablement. Dylan, comme un bon peintre ou un bon écrivain, remet vingt fois son ouvrage sur le métier. Et en grand artiste qu’il est, en géant insoumis à la petitesse des gens qui attendaient la copie conforme du best-of acheté Noël dernier, Bob a répondu de son plus beau swing. Mention toute particulière à « Highway 61 revisited », « Things have changed », « Ballad of a thin man » (la chanson la plus rock de l’histoire?) et « Honest with me » aussi belles que difficilement reconnaissables de prime abord. Nul besoin de rappel (Dieu ne réapparait jamais deux fois au même endroit), ou le toupet d’un mec qui vous met cinquante ans de Rock dans la vue. On attend déjà la prochaine venue, entouré des mêmes têtes, des habitués, le noyau dur d’une icône intouchable qui a la pêche d’un jeune rocker de 70 ans. Tous les passionnés de musique vous le diront: on finit tous, un jour où l’autre , par s’échouer sur Dylan, avec un constat qui perdure: Forever young.
Gyslain Lancement
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