A une certaine époque, on lui a mis l’échec d’Iron Maiden sur le dos. Trop facile. Remplacer Bruce Dickinson au chant fut sans doute la chose la plus difficile à avaler, pour les métalleux, depuis le remplacement d’Ozzy Osbourne par Ronnie James Dio au sein de Black Sabbath vingt ans plus tôt. Mais c’était sans compter sur des reins solides. Blaze Bayley, l’homme à la Harley, n’oublie pas d’où il vient et en a encore dans la poignée. Y’a plus qu’à la mettre dans l’coin. Interview royal.
Vous êtes très apprécié ici, au point que l’on vous a laissé utiliser le drapeau Suisse sur votre double album live « The night that will not die » enregistré au Z7 à Zurich en 2009. Dites-nous en plus sur cette histoire d’amour, avec la Suisse, le Z7…
J’ai toujours eu un très grand soutien de la part du propriétaire et du personnel du Z7 à Zurich. En tant que chanteur, c’est un de mes endroits préférés, et j’essaye d’aller y jouer autant que je peux, vraiment. Si ce n’est pas possible au Z7, je me rabats sur la Galery (à Pratteln). J’aime aussi cette ville et j’ai toujours droit à un super accueil de la part des fans suisses.
Ton dernier disque, « The King of metal », vient de paraître et les thèmes abordés sont toujours aussi sombres. Avec les années, tes inspirations changent? S’intensifient?
Oui, elles changent à chaque album. Tout dépend de l’état d’esprit dans lequel je suis et ce que je traverse à ce moment-là. Au fil des disques, soit j’accentue plus les thèmes sur des films ou des sujets scientifiques qui m’intéressent, soit j’aborde ma propre vie. Je peux même dire qu’il est très rare que je n’écrive pas les paroles de mes chansons. Elles sont en moi et naissent de sentiments profonds, personnels et souvent noirs.
Si pour être anobli « Sir » (comme Mick Jagger) il faut coucher avec 4000 femmes, pour être « King » c’est 8000?
Non, être le roi n’a rien à voir avec le fait de coucher avec des femmes (rires). Le roi est celui qui soutient et sert son public avec honneur et intégrité. Et à l’inverse, je considère chacun de mes fans comme des rois (la sympathie et la disponibilité de Blaze confirment effectivement les dires du bonhomme). Parce que c’est grâce à eux si j’ai pu vivre mon rêve et être un chanteur depuis tant d’années, grâce à leur fidélité, leur amour et leurs encouragements.
Comme à chaque fois, l’album ressemble à une thérapie, avec en plus un son toujours brut, underground… Tu ne tromperas jamais tes fans, tu es toujours très loyal envers eux…
Mon son a changé, mais pas les éléments qui le constitue. Chaque chanson a sa propre histoire, essayant d’allier la vérité et le sujet principal de la chanson. A ce propos, il est primordial que la musique devienne aussi importante que les paroles.
L’hommage à Dimebag (ex-guitariste virtuose de Pantera assassiné sur scène en 2004) est poignant, ta voix se fait plus écorchée, triste, voire enragée. Vous étiez proches?
Non, nous n’étions pas proches, mais c’est juste quelqu’un que je respecte énormément. Avec cette chanson qui lui est dédié, je veux montrer que je le tiens en très haute estime. En tant qu’artiste, il ne s’est jamais soucié de ce que les autres personnes pensaient de lui et il a été un vrai innovateur. Que ce soit au sein de Pantera, ou bien plus tard avec Damageplan.
Les gens mettent souvent l’échec d’Iron Maiden sur ton dos alors que « X Factor » (1995) fait pour moi partie du top 5 de leurs meilleurs albums. Grâce notamment au côté ultra sombre que tu leur as apporté. A mon avis, c’est l’époque qui a posé problème. Le heavy-métal souffrait et une nouvelle vague de nu-métal made in America reléguait le hard-rock traditionnel au second plan. Avec le recul, je pense que ta contribution leur a été vitale…
J’ai vraiment aimé faire partie d’Iron Maiden, j’ai appris beaucoup. Travailler avec Steve Harris a été une des plus belles expériences de ma vie. Mais lorsque j’ai rejoint Maiden, il y a eu une récession et un mauvais climat général sur le marché du disque. Je ne pense pas que les semi-échec de « X-Factor » et « Virtual XI » soient de ma faute. La preuve, je joue certaines de leurs chansons en concert parce que je les aime, qu’elles me correspondent et qu’elles sont toujours bien accueillies par mes fans.
L’aventure terminée, tu as gardé une forte notoriété mais quand même, ça ne te plairait pas de partir en tournée avec un « Blaze Force One » (comme Iron Maiden et leur Boeing « Ed Force One »)?
Tu sais, j’ai ma « Blaze Force One », mais c’est une moto et pas un avion.
Et puis la preuve ultime de tes qualités, c’est « Silicon Messiah » en 2000. Tu rebondis juste après Iron Maiden avec un album culte qui ne vieillit pas et que tout fan de métal doit posséder!
Certaines des idées que j’avais pour « Silicon Messiah » étaient en fait destinées à un nouvel album d’Iron Maiden. On avait commencé à travailler dessus avec Steve Harris puis j’ai quitté le groupe. J’ai voulu garder le fruit de mon travail pour en faire un résultat plus personnel qui a ensuite donné « Silicon Messiah ». C’est un album dont je suis très fier et que je joue encore beaucoup en live aujourd’hui.
Dans la nouvelle génération, y’a-t-il des groupes dont tu aurais aimé faire partie?
Probablement « One Direction » et « The Wanted » (rires).
Est-ce qu’aujourd’hui, avec presque 30 ans de carrière, il y a des choses que tu n’as jamais osé faire?
J’essaye des choses différentes, parfois même difficiles, sans jamais vraiment me soucier de savoir si elles marchent. Je fais beaucoup de shows acoustiques ces derniers temps, avec des guitares classiques, et cela fonctionne vraiment bien, c’est complètement différent de ce que j’ai l’habitude de faire. Je n’ai pas peur de tenter des choses, et puis même si c’était le cas, je ferais en sorte de les accomplir de la meilleure manière.
Propos recueillis et traduits de l’anglais par Gyslain Lancement
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