Après le récompensé et génial Combat Ordinaire, Manu Larcenet passe du côté obscur et nous livre le deuxième volet de Blast : l’apocalypse selon Saint Jacky, l’histoire d’un homme qui cherche cet instant de grâce, qu’il nomme le blast.
Il s’appelle Polza Mancini. Il est obèse, sale et laid. A la mort de son père, il a tout quitté pour devenir clochard. Et après sa première nuit arrosée au Gin et aux Snickers, il a eu son premier blast : un moment de perfection court, mais d’une intensité sans pareille. Depuis, il est à l’affût et veux revivre cet instant magique à tout prix.et expérimenter la vie de toute les manières possibles.
Blast est un chef-œuvre sans concession. Brute et réaliste, le récit de cet homme en quête de lui-même est un véritable hymne à la nature humaine. Polza Mancini ne s’interdit rien. Il laisse ses émotions et ses sentiments prendre le pas sur sa raison. Il recherche l’absolu et a compris que le seul moyen de l’atteindre était d’être lui-même à 100%. Pour cela, il doit tout abandonner : femme, société, famille… pour se consacrer entièrement à son but. Mais tout ça, on ne l’apprend qu’après une mystérieuse introduction. Mancini est accusé de tentative d’homicide volontaire sur la personne de Carole Oudinot. Il est en garde à vue et c’est lors de l’interrogatoire qu’il nous conte son histoire. Il modère ses effets et joue avec la patience des deux inspecteurs. Son récit doit être entièrement exposé pour qu’on puisse en comprendre toute l’essence et ce qui l’a amené à agresser cette femme. On suit donc les différentes étapes de la nouvelle vie de Mancini : la mort de son père, sa rencontre avec une communauté reculé et autogéré, sa vie seul dans les bois, les maisons abandonnées qu’il investit et enfin et surtout sa rencontre avec Saint Jacky. Personnage clé de se deuxième volume, Saint Jacky est à l’extrême de Mancini. Bon-vivant et affable de premier abord, il vend de l’héroïne aux jeunes punk du coin, mais surtout il cache un côté sombre sans limite et sans remord. C’est la première fois que Polza est confronté à une telle dose de noirceur qui va renverser tout ses principes et sa vision de l’homme.
Larcenet est un Dieu. Presque jamais auparavant, une bande dessinée n’a été si maîtrisé et instinctive à la fois : deux notions souvent incompatibles. Derrière chaque dessin, chaque instant dramatique, on sent le talent et la perfection recherchée. Mais à aucun moment on sent l’histoire et les émotions passer en arrière-plan. Larcenet ne cherche pas à plaire à son lectorat, il est tout simplement vrai avec son art et ça se ressent. Il raconte cette histoire comme si elle lui sortait des tripes. Tel son personnage, il cherche à toucher quelque chose de parfait, d’équilibré entre la beauté et la raison et avec cet album, L’apocalypse selon Saint Jacky, il y arrive presque. Puis, viens s’ajouter à cette justesse du récit un graphisme hypnotisant et fascinant. Fait de noirs profond et parfois cinglant, le trait est vif et libre, donnant une dimension véridique à l’ensemble.
Blast est un choc, une bande dessinée qui se vit plus qu’elle ne se lit, une histoire encrée dans la nature humaine et dans ses déviances, des personnages criant de vérité et un style inégalable. Blast !
A lire, Épais et tordu, le site-blog de Manu Larcenet et la fiche produit de Blast vol. 02 sur Fnac.ch
A voir, la bande-annonce de Blast vol. 02, signé Larcenet himself !
http://www.youtube.com/watch?v=fqRe00mSn2s
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