Bastien Vivès avait reçu le prix Essentiel Révélation d’Angoulême pour Le goût du Chlore en 2009. Aujourd’hui, il remporte le Prix des Libraires 2011 avec Polina, une occasion de découvrir un jeune auteur au talent qui n’a d’égal que la sensibilité.
Un parcours bref, mais intense
Le premier rayon de soleil sur la tête de Bastien Vivès date du 11 février 1984. Depuis, c’est lui qui apporte sa part de soleil sur le petit monde de la bande-dessinée ! De sa formation, on retiendra trois années passées à l’ESAG Penninghen à Paris et un diplôme en animation à l’école des Gobelins. Puis, c’est la co-création de l’atelier Manjari & Partners et les premiers pas d’auteur chez Danger Public et surtout chez Casterman. Là, il publie coup sur coup trois albums dans la jeune collection KSTR et remporte en 2009 le Prix Essentiel Révélation du Festival d’Angoulême pour Le goût du chlore. Il continue son chemin chez KSTR, tout en œuvrant en parallèle sur plusieurs albums collectifs, avant de se consacrer, avec son ami Merwann, à la trilogie Pour l’Empire chez Poisson Pilote. Enfin, en mars 2011, il signe un tour de force sublime du nom de Polina, qui finit de prouver sa maturité et son évolution constante d’artiste.
Le goût du chlore, une révélation primée
Vous vous souvenez du goût du chlore, ce goût doucereux et tiède, le goût de l’hiver… Et les odeurs de la piscine, vous en souvenez vous ? La chaleur moite, l’odeur des corps et du savon qui s’échappe des vestiaires… Et après, la douche froide, le premier plongeon, les yeux qui picotent, et cette envie de pleurer et de rire, le plafond qui défile sous nos yeux et tout ce temps pour écouter nos pensées et vouloir les noyer… ouf, il est temps de sortir, personne autour, une dernière galipette. Le goût du chlore, c’est ça et Bastien Vivès a la grâce et le talent de nous le faire vivre.
Pour l’Empire, une épopée stylée
La meilleure division de l’armée romaine est chargée de cartographier les terres inexplorées qui bordent l’Empire. Un pitch classique qui se transforme vite en un périple risqué et révélateur. Écrit et dessiné à quatre mains par Vivès et son ami Merwann, Pour l’Empire se joue des règles du péplum et nous embarque dans un voyage déstabilisant, qui au lieu de prôner la force des soldats, dépeint finement leur faiblesses face à l’inconnu. Femmes fugitives et castratrices, peuple affamé et contrées désolées : on s’embarque avec fascination au rythme des couleurs psychédéliques et des épreuves à l’étrangeté stylisée.
Polina, une ultime et sublime danse
Histoire d’une vie pas comme les autres, histoire d’un amour peu commun et histoire d’un art transcendant. La vie de Polina Oulinov est passionnante, prenante et émouvante. Apprentie ballerine dès l’âge de 6 ans, elle va suivre les cours du grand Bojinski et vivre avec lui une relation maître-élève singulière. Métaphore de l’existence, ce parcours initiatique met en exergue toutes ces questions que l’on se pose sans vraiment oser y toucher. Le fameux sublime de Vivès est qu’il nous parle de nous, à travers un destin atypique et splendide, sous couvert de raconter une histoire simple. L’habileté du scénario et la pureté du dessin nous plonge sans retenue dans ce récit d’apprentissage, d’émotions et de drame. Polina touche avec justesse là où il faut.
A voir aussi, le blog de Bastien Vivès : comme quoi et la critique complète de Polina sur le même Blog Fnac BD.
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