Bad lieutenant va vous faire assister à la descente en enfer d’un flic dans la folie de la drogue et du jeu, pour qui les lendemains n’existent plus. Un film illuminé qui marque au fer rouge.
Il faut savoir qu’au début, j’ai abordé ce film avec pas mal de retenue, voir de crainte. Car, pour moi, Bad lieutenant c’est avant tout le métrage de 1992 réalisé par Abel Ferrara avec Harvey Keitel, qui est un monument du film noir, torturé, malsain, glauque et sans retour, ni espoir. En sachant en plus que Nicolas Cage incarnerait le flic suicidaire, lui qui se cantonnait a des productions bruckheimer comme les benjamin gates ou l’apprenti sorcier (à part quelques Kick Ass et autres Prédictions…) et qui depuis un moment ne resplendissait plus par ses rôles de composition mais plutôt par un manque d’inspiration flagrant et une platitude dans ses personnages, ma crainte était encore plus grande.
Puis j’ai mis le blu-ray dans le lecteur et dès les premières minutes ce fut la claque…
Ce n’est heureusement pas véritablement un remake, le réalisateur n’ayant pas vu l’original. Mais s’étant fait imposer ce nom de film par son producteur qui, au départ, y voit un intérêt financier, on tombe sur un métrage sous hallucinogènes avec une ambiance particulière, qui arrive à nous transporter dans un rêve éveillé… mais qui tournera rapidement au cauchemar.
D’ailleurs le film est pour moi construit comme une substance psychotrope qu’on prendrait; au début tout est agréable, doux, contemplatif et hypnotisant, on a une l’impression de bien-être et de maîtrise de soi, puis on sombre dans l’oppression, le malaise… les couleurs deviennent agressives, les problèmes aussi, tous les bruits et la musique nous dérangent et on est constamment sur les nerfs, sous pression. C’est vraiment un magnifique film coup de poing avec une maîtrise technique incroyable. Mais qui est véritablement éprouvant.
C’est surtout le grand retour du cinéaste Werner Herzog (1942) qui signe là son premier film noir en 48 ans de carrière. Lui qui est surtout connu pour sa folie des grandeurs et du réalisme des scènes. D’avoir maintes fois fait prendre des risques insensés à ses acteurs et d’avoir des rapports d’amour/haine très fort avec ceux-ci… Surtout pour ses films avec Klaus Kinski notamment Aguirre, la colère de Dieu de 1972 et Fitzcarraldo qui date de 1982. Mais il est aussi adoré pour son sens de l’image qui est proche de l’expressionnisme allemand, notamment dans son magnifique remake de Nosferatu en 1979. Il n’a jamais arrêté de tourner mais ça fait quelques années que son inspiration était ailleurs. Sa vie de cinéaste oscille entre les documentaires, la tv et le cinéma et à part en 2004 son Rescue Dawn avec Christian Bale on a peine à retenir, depuis peut-être un quart de siècle, les chefs d’oeuvre dans le septième art.
En ce qui concerne les acteurs du film, on retrouve donc Nicolas Cage qui incarne ce flic à la dérive en perte totale de repères et de bon sens, qui use de son pouvoir de la pire manière possible. Et quel bonheur de retrouver cet acteur… son potentiel est malheureusement souvent mal exploité mais il est, là, littéralement possédé par son rôle. On souffre avec lui de son mal de dos et on vit complètement ses pétages de plombs, superbe prestation. On y croise aussi la splendide Eva Mendes, Xibit et Val Kilmer, tous excellents.
En conclusion si vous êtes amateur de films glauques et barrés en un mot: FONCEZ!
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