Ca a commencé il y a quelques années, étant donné l’espace libre disponible sur un cd, les éditeurs se sont mis à ajouter des inédits, des démos, ou des enregistrements live, voire les singles n’apparaissant par sur lesdits albums.
Tout cela, dans le meilleur des cas, complété par un livret truffé de détails et de reproductions des pochettes de disques.
Puis finalement, avec cette mode des rééditions en cd sont apparues des versions proposant le mixage mono et le mixage stereo d’un même album.
A priori, le néophyte pouvait y voir une arnaque commerciale; quel intérêt à avoir les mêmes morceaux mixés différemment?
Pire, qui plus est dans une technologie « primitive »(j’y reviendrai).
Pour certains d’entre nous-votre serviteur- ce fut une révélation…Oui une révélation!
Ecouter l’abum « The Piper at the Gates of Dawn » de Pink Floyd et s’apercevoir que la guitare de Syd Barrett, plus présente et percutante que sur le mix stereo n’en n’est pas pour autant moins « spaced out »(je reviendrai sur cet aspect égalemment).
Même phénomène avec le « Bluesbreakers » de John Mayall, où le jeune prodige de la six cordes, Eric Clapton éclate au milieu d’un mix plus rêche et claquant.
En plus d’être différents, ces mix mono faisaient paradoxalement apparaître des détails cachés dans le mix stereo.
Des petites percussions ou des choeurs.
Avec la remastérisation et ressortie des disques des Beatles il y a une année, on a vraiment touché au noeud du problème.
Le premier transfert numérique des disques des Beatles vieux de vingt ans sonnait « plat » et sans relief(compressé), sans doute par crainte que la dynamique naturelle des fréquences enregistrées fassent distortionner les installations hi-fi. C’est un fait qu’il fallait corriger, mais demeurait la question cruciale des mixages mono originels.
Mais alors comment? me direz-vous, les disques n’avaient pas toujours été enregistrés en « stereo »?
AVANT LA STEREOPHONIE ETAIT LA MONOPHONIE.
Ouvrons une parenthèse technique: jusqu’à la fin des années cinquante la musique est enregistrée en direct avec une seule source de prise de son(micro).
D’autre part les magnétophones de l’époque n’ont à leur disposition tout au plus que de 4 pistes pour répartir les signaux, donc le mixage final se fait sur un seul haut-parleur sans tenter de reproduire l’emplacement des instruments dans l’espace.
Ce qui serait superflu d’ailleurs, puisque les tourne-disques de l’époque n’ont qu’un seul haut-parleur.
PUIS ARRIVE LA STEREO…UN PROGRES(?), PAS TOUT DE SUITE!
C’est pour l’enregistrement de la musique classique que sont faits les premiers essais d’utilisation de plusieurs microphones, à la fin des années 50.
Demeure le problème de nombre limité de pistes(4) pour répartir un grand nombre d’instruments et tenter d’en reproduire la spatialité.
Conséquence pour un opéra une voix est à gauche l’autre à droite ce qui sonne pas naturel(sur scène les chanteurs sont au centre, normalement, non?)
Si on revient au rock et aux Beatles en particulier, jusqu’au « White Album », ils travaillent écoutent et mixent le résultat final en mono, sur une seule enceinte.
Après, Ils laissent le soin à leur producteur George Martin de créer un mixage stereo destiné à l’origine à une minorité d’audiophiles et sur lequel, au final, on entend de manière très peu naturelle les voix d’un côté et les instruments de l’autre.
Et oui! C’est comme ça souvent avec les nouvelles technologies, il faut leur laisser un certain temps pour devenir vraiment optimales.
Essayez chez-vous, avec le bouton de balance sur votre chaine hifi, en tournant complétement à gauche ou à droite vous allez faire disparaître, respectivement les voix(effet Karaoké garanti) ou les instruments. Le 1er disque des Doors ou « Rubber Soul » des Beatles sont très utiles pour faire ce test amusant.
Avec un enregistrement mono, même si l’on a la même chose à gauche et à droite, cela sonne plus massif et compact, et surtout, comme conçu originellement.
STEREO VS MONO.
Les firmes de disques ont par ailleurs crée de la fausse stereo, pour remettre au goût du jour leurs anciennes productions avec des technologies parfois douteuses.
C’est le cas de la firme Capitol avec son procédé « DUOPHONIC »utilisé de 61 à 69, entre autres sur le « Summer Days(and Summers Nights!!) » des Beach Boys, soit deux sources mono avec un léger retard sur la seconde pour simuler la stereo.
Ou encore les disques estampillés « Electronically re-channelled for stereo » ou « stereo enhanced ».
Dans le pire des cas le morceau commence et vous n’avez rien sur une des enceintes, avant l’arrivée de la voix…
Ou si un des hp de votre autoradio est fichu vous n’entendez plus une partie de la musique.
Heureusement, par la suite, d’une part les artistes vont commencer à utiliser la stereo de manière créative; on pense aux effets de balayage gauche/droite sur les disques de Jimi Hendrix.
D’autre part, avec l’évolution de la technologie d’enregistrement et la multiplication du nombre de pistes à disposition(de 8 à la fin des années 60, jusqu’à 48 et plus à présent). On arrive donc maintenant à mieux isoler et reproduire l’emplacement de chaque instrument.
Dernière parution en date, les 9 1ers albums de Bob Dylan « The Original Mono Recordings » en coffret( je vous renvoie à l’article de Gyslain sur ce blog).
Je pense que la tendance des ressorties des versions originales en mono va se poursuivre dans le futur.
D’ailleurs ces disques sont aussi édités en vinyle, support « archaïque » dont les vertus et le retour en force feront l’objet d’un article dans ces pages prochainement.
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