Aujourd’hui sort dans toutes les bonnes salles obscures Aya de Yopougon. Adaptation animée de la bande dessinée du même nom, le film a déjà remporté le César du meilleur film d’animation et la bande-annonce qui tourne depuis déjà quelques mois promet un moment dramatico-humoristique, à l’image de la bande dessinée.
Jeune fille de 19 ans, Aya vit à Yopougon, quartier populaire d’Abidjan, renommé Yop City par ses habitants. Là, elle passe son temps entre ses études, sa famille et ses deux meilleures amies Adjoua et Bintou. Mais contrairement à ces dernières, qui se consacrent aux soirées dansantes et à la recherche d’un mari, Aya, elle, se consacre pleinement à ses études. Elle rêve de devenir médecin et compte bien mettre toutes les chances de son côté. L’intrigue fourmille également d’une multitude de personnages secondaires passionnants : d’Ignace, le père volage d’Aya, à Moussa, dragueur invétéré qui mise son charme sur sa Toyota, en passant par Grégoire, un flambeur parisien.
Aya de Yopougon est un récit ample et d’une diversité exemplaire. Les auteurs réussissent le challenge de créer une dynamique époustouflante entre tout les personnages, tout en gardant et développant la personnalité et l’empathie de chacun. Ils dressent ainsi un portrait réaliste et familier de ce quartier, unité de lieu qui regroupe et unifie toute cette galerie. Et même s’ils tirent de chaque situation un humour toujours bien pensé et bienvenu, ils n’en oublient pas pour autant la réalité politique, économique, sociale et linguistique. Aya de Yopougon est donc une étude de mœurs vraisemblable, complexe et divertissante plus que réussie, sur un pays et une culture trop rarement abordés.
L’adaptation animée s’annonce elle aussi toute aussi réussie et d’une fidélité de tous les instants, puisque ce sont les auteurs eux-mêmes, Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, qui en signent le scénario et la réalisation. Pour la production, on retrouve le Studio Banjo et Autochenille Productions (crées en 2007 par Oubrerie et Sfar), qui avaient déjà produit le très bon Chat du rabbin et qui développent en ce moment même les films animés d’Isaac le pirate et de Sardine de l’espace. Tout les éléments sont donc réunis pour faire de ce film est succès autant public que critique.
Accompagnant la sortie du film, Gallimard viennent d’éditer un volume grand-format rassemblant les deux premiers tomes de la série, qui constituent l’histoire racontée dans le film. Préfacé par Anna Galvada, ce volume-double comporte aussi plusieurs bonus, dont un lexique du vocabulaire ivoirien utilisé dans la BD, quelques recettes de cuisine typiques, une technique de marche et de danse qui fait tomber les garçons et un guide d’utilisation du pagne, pour en faire une jupe ou bien porter son bébé. Un parfait guide de l’apprentie ivoirienne ! Un livre making-of du film est aussi disponible et nous propose une présentation des divers décors, des personnages et des explications techniques sur l’animation et sur le passage scénaristique de la BD au film.
Que ce soit en salles ou en librairie, Aya de Yopougon est une histoire qui mérite qu’on s’y attarde, qu’on s’y plonge et qu’on la savoure.
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