Bienvenue dans l’antre des oubliés, des mal-aimés, des inaperçus, des « je connais mais je ne l’ai jamais vu », et autres joyeusetés.
Pour ressortir de nos placards et épousseter quelques films « VHS » je vous propose chaque mois une piqûre de rappel, un devoir de mémoire en quelque sorte.
Le volume 2 nous emmène dans un passé glorieux, celui des films des années 1950. L’époque de Boulevard du crépuscule, Quand la ville dort, rien que pour la pour l’année 1950.
Découvrez ou redécouvrez Les Forbans de la Nuit
C’est l’histoire d’une fuite…
Harry. Harry. You could have been anything. Anything. You had brains, ambition. You worked harder than any 10 men. But the wrong things. Always the wrong things
Nous connaissons tous un Harry Fabian, un personnage qui recherche la lumière, être quelqu’un. Il aura toujours l’affaire du siècle à vous proposer, à vous de choisir, mais attention à la chute.
Un film noir Américain en 1950. On imagine aisément les rue de Los Angeles, Humphrey Bogart.
Cary Grant et Ava Gardner étaient même, pendant un temps, pressentis pour un rôle dans le long métrage.
Et pourtant Jules Dassin (oui oui le père de Joe Dassin) tourne les Forbans de la nuit (Night and the city) à Londres.
Ce n’est pas Bogey qui se présente à l’affiche mais Richard Widmark 10 bonnes années avant son rôle dans Alamo de John Wayne. La splendide Gene Tierney habitué des grands rôles apparait ici en retrait, malgré son pedigree incluant des films d’Otto Preminger, Fritz Lang, John Ford.
La liste noire des activistes anti-américain existe depuis 1947, Dassin prends de plein fouet le maccarthysme dû à son appartenance au parti communiste entre les années 30/ 40.
Certains agents comme Charles Feldman achètent des droits sur des livres et retravaillent le tout en script en faisant intervenir des dizaines de personnes différentes.
Drôle d’époque
Le livre de Gerald Kersh est acheté en 1946 par Feldman. Devenant un script l’histoire est réécrite un nombre de fois incalculable, travaillé par les époux Kersh eux même aussi. Passé de mains en mains, il atterrit dans le giron du producteur Darryl Zanuck.
Zanuck pousse Dassin à réaliser le film en lui disant : « dépêche toi, ce sera peut-être le dernier film que tu feras ». La prophétie se réalisera, Jules tournera les Forbans de la nuit et son passage en commission le déclarera persona non grata aux USA jusqu’en 1968.
Le récit, qui diffère en terme d’époque par rapport au livre, prends place à Londres après la seconde guerre mondiale. Nous suivons le rêve de gloire d’Harry Fabian, simple rabatteur pour le cabaret Silver Fox et son patron. Harry n’est pas fiable, tout Londres le sait, mais le jour où sa route croise le célèbre lutteur Gregorius, la chance semble lui sourire, et notre protagoniste s’imagine déjà organisateur Londonien numéro un de lutte Gréco-romaine.
Là où Fabian passe, à la manière d’un Attila des temps moderne, l’espoir ne renaît pas, pour ces proches, pour ces fréquentations. On s’attache à ce perdant magnifique.
Il est à noter que le coffret inclus un superbe livre (initié par Philippe Garnier) de photos du film, d’époque et d’anecdote qui ont jonché la production. Il est proposé en BluRay et DVD, ainsi que son lot d’interview, et rareté la version alternative Anglaise.
Ce n’est plus un simple film mais une pièce de collection qui se mariera facilement avec votre collection de Taschen par exemple.
A voir aussi l’adaptation de 1992 avec Robert de Niro et Jessica Lange : La loi de la nuit.
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