Bienvenue dans l’antre des oubliés, des mal-aimés, des inaperçus, des « je connais mais je ne l’ai jamais vu », et autres joyeusetés.
Pour ressortir de nos placards et épousseter quelques films « VHS » je vous propose chaque mois une piqûre de rappel, un devoir de mémoire en quelque sorte.
Commençons par le méconnu sixième sens ou Manhunter dans la langue shakespearienne.
Une adaptation d’un roman de Thomas Harris ?
Allez faute avouée est à moitié pardonnée, nous pensons tous au silence des agneaux.
Et si je vous dis que le premier livre du père du Dr Hannibal Lecter à être adapté au cinéma n’est pas le chef d’œuvre de Jonathan Demme mais bien Dragon Rouge (Manhunter) par l’extraordinaire « en devenir » Michael Mann.
Loin de moi l’idée de dresser un culte mérité à l’un de mes réalisateurs favoris. Ici je tiens à rendre hommage à Cult Edition qui propose un coffret extrêmement complet et d’une rare beauté.
La vraie valeur ajoutée ici est le livre de 150 pages dédié à Michael Mann en papier glacé, agrémenté de photos, d’interventions du réalisateur et de détails sur sa filmographie.
Autant dire que nous sommes gâtés. On en oublierait même de mettre le film dans son lecteur DVD.
Lors de mon visionnage j’ai opté pour la version director’s cut, si vous partagez ce choix vous remarquerez les scènes coupées de par leur qualité DVD.
Un point indispensable à relever Manhunter est un film d’ambiance, la tension y est permanente.
Les 30 premières secondes du film vous glace le sang : une vue subjective, noire, éclairée d’un halo de lampe torche, une femme dans son lit, se réveille, la vision du tueur…Quel prologue !
Bienvenue dans les rêves et les fantasmes d’un tueur qui sévit selon les cycles lunaires.
Wil Graham, agent du FBI retiré après sa confrontation avec le Dr Lecter, est sollicité par ses anciens collègues. Seul lui pourrait faire cesser le décompte macabre avant la prochaine pleine lune.
On retrouve ici William Petersen, que nous connaissons tous en Gil Grisson des experts Las Vegas, sur le fil, prêt à basculer dans la folie des tueurs qui l’entourent.
Un état d’esprit traduit par cette phrase, justifiant son face à face avec le Dr Lecter emprisonné « i got to recover the mind set » je dois me remettre dans le bain…
La musique est un personnage clé du long métrage. Toujours pesante, parfois muée d’accents Pink Floydien (on a l’impression d’entendre Shine on you crazy Diamond), elle laisse planer sur le spectateur une menace permanente, lancinante.
Certaines scènes resteront dans votre mémoire comme le face à face immaculé avec le Dr Lecter où chaque personnage parait emprisonné, le tigre et Reba et la découverte de la scène du crime par Will.
Observez bien les couleurs chez Michael Mann, le diable est dans les détails, mais ceci est une autre histoire.
Un producteur de renom (Dino Di Laurentiis), un réalisateur à l’aube d’une carrière marquante, un roman précurseur du genre, tout est rassemblé pour faire de Manhunter un film de qualité, sous estimé en son temps mais heureusement reconnu aujourd’hui comme un œuvre majeur.
Afin d’être totalement transparent avec vous, ceci n’est pas un film sur Hannibal Lecter, le point de vue dominant est celui de Will Graham. Ce qui ne gâche pas notre plaisir.
Bon visionnage
Pour aller + loin :
Musique : The Iron Butterfly – In a gadda da Vida
Shriekback – The Big Hush
Livre : Rockyrama – Spécial Michael Mann
Si vous avez aimez :
Film/Série : Mindhunter / Zodiac / Le silence des agneaux
Musique : Talking Heads – Psycho Killer
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