Chaque lundi, aux alentours de 16h30, votre humble serviteur Florian De La Fnac chronique un manga de son goût: une découverte, un classique ou une curiosité.
Cette semaine : Alabaster d’Osamu Tezuka, chez FLBLB.
Le vivier Tezuka est inépuisable ! Chaque éditeur francophone en va donc des ses traductions et c’est maintenant au tour de FLBLB de nous faire découvrir un pan de l’œuvre du dieu du manga. Après Debout l’humanité (mai 2011), c’est au tour du pavé Alabaster (484 p.) de venir orner nos présentoirs.
Alabaster, c’est le nom du « méchant » le plus humain jamais crée en manga. Mais comme tout « méchant », il était « gentil » avant ! Nommé James Bloke, il était le meilleur athlète du monde. Seul problème : il était noir. Et quand la femme de ses rêves se refuse à lui pour cette raison racial, James sort de ses gonds et provoque malgré un accident de la route, qui va lui coûter cinq années d’emprisonnement. Là, il rencontre un savant un peu trop fou qui lui révèle son invention la plus folle : un rayon qui rend invisible. Ni une, ni deux, à sortie, James fonce vers le laboratoire du savant et utilise ce rayon. Son désir de disparaître et de ne plus être jugé pour son apparence est trop fort. Mais, malheureusement pour lui, le rayon n’était pas totalement au point et il n’efface pas tout le corps de James, mais seulement sa peau. Il devient alors Alabaster, un être au réseau sanguin apparent et terrifiant. Encore plus en rage envers le monde, Alabaster va vouer son existence à détruire la beauté, partout où elle se trouve. Son rêve étant d’ériger une nouvelle société, où le laid deviendrait le nouveau beau.
Pitch original en soi, Alabaster fait parti des œuvres adultes assumées de Tezuka, loin d’Astro Boy ou de Black Jack. On y retrouve donc tous les éléments habituels du maître, qui témoignent une fois de plus du génie assourdissant de cet homme qui inventa le manga moderne : rythme parfait, images puissantes, personnages fantastiques d’une crédibilité incroyable, narration dynamique et thèmes universels et pourtant traité de manière originale. Ici, c’est le thème du « méchant » qui est largement abordé. Tezuka sonde les motivations qui peuvent pousser quelqu’un à la haine inconditionnelle de ce qui l’entoure et surtout de ce qu’il est. Car si Alabaster est si déterminé, c’est parce qu’au fond il ne supporte pas ce qu’il était. Il aurait voulu naître blanc et pouvoir vivre l’amour avec cette femme tant désirée. Et le pire est sûrement que même s’il est en plein déni, il le sait. Il sait que quoi qu’il fasse, il n’aura jamais cet amour. Toujours fine et en sous-texte, la psychologie utilisée en est du coup que plus efficace et marquante, puisqu’il nous laisse le loisir de la deviner et de la ressentir. Les peines des personnages résonnent en nous. Là est le génie de Tezuka.
Puis, au rythme d’intrigues parallèles et des personnages secondaires à l’épaisseur certaine, on se laisse porter pour le rythme mi-effréné, mi-posé. Et on s’attache petit à petit à Amy, personnage qui va presque voler la vedette à Alabaster… mais ça, c’est une autre histoire, que je vous laisse découvrir par vous-même !
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