Les Libertines n’ont pas fait des petits qu’au Royaume-Uni. En Francophonie, on a aussi de quoi faire crier les jeunes filles. Comme je vous l’expliquait un peu plus tôt dans l’année, qu’on le veuille ou non, les BB Brunes ne comptent pas pour des prunes (https://blog.fnac.ch/?p=1809). Alors quand le groupe offre une dédicace dans une Fnac de Fribourg bondée de fans à la glotte stridente avant de livrer une prestation énergique le soir-même à Frison, on se dit, malgré le froid, la goutte au nez et l’omnipotence de Saint Nicolas, que l’on va passer une bonne soirée.
A l’heure où les Naast digèrent à peine leur split et où les Second Sex finissent dans les bacs à soldes, BB Brunes n’a sûrement pas encore conscience que leur début de carrière à cent à l’heure, sublimé par le deuxième album « Nico Teen Love », fera date dans l’histoire du Rock made in France. En début de semaine, on apprenait plus ou moins tristement la séparation « officielle » de Noir Désir. Bof, avec les évènements tragiquo-rock’n’roll qui ont bercé Bertrand Cantat depuis 2003, on s’en doutait un peu, et puis à quoi bon, il faut tourner la page, laisser la place aux jeunes qui ont du talent. La vingtaine à peine consommée, et quelques centaines de milliers de disques vendus en deux albums, les BB Brunes avaient de quoi présenter un répertoire tubesque impressionnant ce soir.
BB Brunes ont fait travailler nos tympans et nous ont donné ce que l’on était venu chercher ce soir: de l’énergie, de la mélodie et une bonne dose de Rock répulsive de l’ennui. Enchaînant des chansons dynamiques et puissantes, c’est avec plaisir que l’on a pu découvrir à quoi ressemblait le mouvement (obsolète depuis hier soir) de « Baby Rockers », transformé en phénomène confirmé, pro et sûr de lui. D’explosions de « Dynamite » en rythmiques endiablées sur « Bouche B » et « Cola Maya », les BB Brunes n’ont aucun complexe et savent le faire partager à leur public, qu’il soit « seul ou accompagné ». Adrien Gallo, très complice avec son guitariste qui ose lui aussi prendre une certaine importance scénique et qui rogne un peu sur le terrain miné du succès auprès des filles, a une qualité indéniable: l’écriture. Ses textes en français font mouche, les couplets et refrains sont naturellement construits pour être efficaces, on tient là le vrai renouveau du Rock français. En leader maigrichon mais ultra charismatique, possédé et donneur de bonnes leçons, Gallo donne un coup de vieux au reste du monde. Même si l’on note une certaine inefficacité des titres en anglais, le groupe ne perd pas en générosité mais doit absolument suivre le filon du « plus grand groupe français actuel ». Entre chavirements sur le sensuel « Britty Boy », l’intro vaporeuse de « Nico Teen Love » et le riff incroyablement puissant de « Black & Blue », BB Brunes en profite pour réinjecter les triomphes de leur premier album, avec une fougue canalisée et maîtrisée sur « J’écoute les Cramps », le très vintage et bastonneur « Le gang » et l’étourdissant « Dis-moi ». Ce soir, les BB Brunes ont été les princes de la ville, et, avec leurs refrains en concours de décibels, ils ont toutes les caractéristiques de la jeunesse: c’est bon, intense, fulgurant, et on s’éclate tellement que le temps passe foutrement vite. Sans s’ennuyer une seconde et dans un brasier sonore, Frison à été le théâtre d’un grand moment. A compter d’hier soir, la vérité ne sort plus de la bouche des enfants.
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