Comme un bon nombre d’entre vous doivent déjà le savoir, il ne reste que cinq jours avant la sortie du très attendu The Dark Knight Rises, ultime volet de la trilogie cinématographique de Christopher Nolan mettant en scène le héros le plus sombre et le plus torturé de l’univers DC. A cette occasion, nous vous proposons un compte-à-rebours original et motivant, sous forme de rétrospective BDphilique et cinéphilique. Chaque jour, Florian et Didier vous font découvrir (ou redécouvrir) un comic-book et un film qui ont marqué et influencé le vaste univers de Batman.
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On continue aujourd’hui avec The Killing Joke, de Moore et Bolland et Batman Returns (1992), réalisé par Tim Burton avec Michael Keaton et Michelle Pfeiffer, et chroniqué par Didier ici.
Je ne vous cache pas que les mots Alan Moore et Batman écrits sur une même couverture provoquent plus qu’un simple plaisir chez l’aficionado de comic-books que je suis. La couverture en elle-même est d’ailleurs une des meilleures, toute BD confondue, que j’ai pu voir et annonce avec malice ce qui est à venir ! Comme toujours, l’auteur culte de Watchmen, V pour vendetta et From hell (pour ne citer que ceux-là !), transforme en or tout ce qu’il touche et signe ici le portrait le plus fascinant et le plus travaillé du Joker, Némésis par excellence de Batman. L’exploit est encore plus marquant qu’Alan Moore est d’habitude plus à l’aise avec des personnages qu’il créé, alors qu’avec The Killing Joke, il reprend des personnages déjà existants et surtout très bien ancrés dans la culture populaire américaine. Un défi qu’il n’aura finalement aucun mal à relever !
Divisé en deux parties, le récit n’a, à première vue, rien de bien original comparé aux multiples traitements dont le Joker a déjà été l’objet. Il s’évade d’Arkham, il s’organise, il tue et il kidnappe, tout ça dans le but habituel d’attirer Batman dans ses filets et de se confronter encore une fois à lui. Mais si cette première partie est classique, c’est la seconde qui va donner toute son ampleur à l’entièreté de l’intrigue. On y suit un jeune ingénieur en chimie qui va quitter son travail pour réaliser son rêve : devenir humoriste. Malheureusement, il échoue et n’arrive plus à subvenir aux besoins de sa femme enceinte. Il va alors être attiré par l’argent facile et va se mettre au service de criminels, en infiltrant l’ancienne usine chimique où il travaillait… Ces moments de nostalgie sont vécus comme des flashbacks par le Joker et créés une nouvelle image beaucoup plus humaine du personnage. On comprend alors ses motivations, sa folie (qui n’est peut-être pas si malsaine que ça) et on arriverait même à lui pardonner tous ses crimes. Le récit de la première partie prend ainsi une dimension bien plus émouvante et psychologique, car c’est la première fois que l’on vit ces événements, certes déjà vus, de cette manière, ce qui nous pousse à réévaluer complètement notre point de vue sur le Joker. De l’autre côté, Batman est cantonné à son rôle le plus basique, celui de justicier sans merci qui fera tout pour neutraliser son ennemi. Mais étonnamment, il sera lui aussi touché par la résignation dont le Joker fera preuve et sera prêt à le réhabiliter.
Alan Moore réinvente en seulement 48 pages une mythologie ancrée depuis 50 ans. Il donne une ampleur inédite à un personnage détestable en le rendant aimable et vice-versa avec Batman. Moore est également un des premiers à avoir mis clairement en évidence la dualité Joker-Batman, en utilisant l’analogie du miroir. Car, ce sont les circonstances qui ont créé ces personnages. Si Bruce Wayne avait eu la même opportunité que le Joker dans un moment difficile, qui nous dit qu’il n’aurait pas fait le même choix ? Tout ce qui les différencie, c’est un mauvais jour.
Recolorisé à l’occasion de ses 20 ans, The Killing Joke fait preuve d’un graphisme d’une beauté saisissante. Le trait de Brian Bolland est précis, détaillé et ses visages sont d’un expressif rare. La perfection de son dessin colle parfaitement à la perfection du découpage et de la narration de Moore et finit de faire de cet arc une référence incontestée, au point d’avoir fortement influencé l’écriture du premier film Batman de Tim Burton et d’avoir servi d’outil de travail à Heath Ledger pour son rôle du Joker dans The Dark Knight de Christopher Nolan. Un must-read !
Demain : The Dark Knight returns, de Miller.
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