Oui, ils l’ont fait !
Et qu’est-ce que ce fût osé de proposer en 2011 – alors que nous sommes ancrés dans l’époque du tout 3D, de l’enregistrement numérique et des effets spéciaux à gogo – un film en noir et blanc et muet qui plus est !
Ses récompenses sont-elles pour autant méritées ?
Avant tout, c’est ce culot qui est porté à l’unisson et cet hommage au cinéma muet des années 20-30. Le tout servit par une mise en scène plutôt réussie. Un scénario qui nous tient dès l’instant où l’on entre dans cet univers. Et puis cet acte de bravoure : Jean Dujardin ayant accepté de signer un tel projet. Alors « The Artist », un film à voir ?
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Octobre 2011, au fin fond du Cinéma Rex de Fribourg, accompagné de quelques collègues, me voici embarqué pour la projection de « The Artist ». Dès les premiers instants du film, nous avons deux choix:
1. Quitter la salle : « Qu’est-ce que je fous là? C’est tellement ringard après tout! »
Ou
2. Cette curiosité : « On est en 2011 ! Un film en noir et blanc, muet… c’est quoi ce délire et que vaut ce film ? »
Alors, autant le dire tout de suite, si on fait le second choix, on a, très vite, du mal à s’y faire… C’est tellement éloigné des codes du cinéma de notre époque! Pour la plupart, nous n’avons pas été éduqués par ce 7ème Art-là et il nous manque les clefs pour être embarqués dès les premières minutes du film.
Puis vient ce moment clef justement: Jean Dujardin interprète George Valentin, un célèbre acteur du cinéma muet. Celui-ci présente au début de « The Artist », son dernier métrage devant une salle comble. A la fin de la représentation, on le voit derrière l’écran, tendant l’oreille et attendant les applaudissements nourris du public. La séquence d’après, c’est une foule en délire qui l’ovationne… sauf que, bien sûr, nous dans la salle, on entend rien… et là on se dit : « Ben oui, c’est normal : c’est un film muet ! » Et on s’y fait.
Une fois les choses bien en place dans notre tête, on peut se laisser emporter par l’histoire : une romance très spéciale, tintée de claquettes, de quiproquos et d’une finale ébouriffante. « The Artist » nous a fait passer par tous les stades : l’humour (Jean Dujardin et « Uggie », le Jack Russel Terrier), les larmes : la déchéance de l’acteur, l’amour trahi, puis se finit en célébration de la transition du cinéma muet au parlé dans toute sa splendeur… je ne vous en dit pas plus. On en ressort abasourdi par tant d’audace, de talent et finalement d’hommages au cinéma de Chaplin ou de Murnau (que j’avais eu la chance de découvrir dans le fabuleux « City Girl »). La musique, seul élément audible de la soirée, collait parfaitement aux diverses scènes : tantôt joyeuse, festive, hâtive ou mélancolique. On s’est même surpris à suivre l’intrigue plutôt facilement et à avoir apprécié passer ce moment avec un Dujardin remarquable dans un rôle si inhabituel.
Loin de démériter, les autres acteurs, dont le second rôle tenu par Bérénice Bejo, font également merveille et forment un ensemble vintage convaincant. On oserait encore juste glisser à Jean Dujardin, premier acteur français à être oscarisé : Merci et Chapeau bas l’Artiste!
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Le 14 mars prochain, vous pourrez découvrir ou revoir ce film hors normes en Blu Ray et DVD :
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[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=sX594aQO_Kk[/youtube]
Récompenses:
Festival de Cannes 2011 :
Prix d’interprétation masculine
Césars 2012 :
César du Meilleur film français de l’année, César du Meilleur réalisateur, César de la Meilleure actrice, César de la Meilleure photographie, César des Meilleurs décors
Oscars 2012 :
Oscar du Meilleur film, Oscar du Meilleur acteur, Oscar du Meilleur réalisateur, Oscar des Meilleurs costumes, Oscar de la Meilleure musique
Et tant d’autres… dont celui du Prix de l’interprétation canine dans un film aux Colliers d’or pour le chien Uggie, héro malgré lui du film!
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