Le punk français en voie d’extinction? C’est sans compter sur Didier Wampas. Oui, on peut être punk à la scène depuis 30 ans et s’appeler Didier, prénom un temps ringardisé par un Chabat labrador qui reniflait le cul des femelles. Bref, trois décennies de bruit à s’en fissurer le coccyx, si l’on doit trouver un alibi entrejambier au monstre sacré leader des Wampas. On sait depuis la nuit des temps que les plaisirs solitaires ont une incidence directe sur les facultés auditives de l’homme – Adam entendit-il le serpent siffloter à ses oreilles chastes avant de se faire botter le cul hors d’Eden? – mais de là à croire que Didier Wampas s’assagisse… Un rapide retour sur la discographie du groupe et une brève vision de leurs tournées dévastatrices suffisent à exclure le chanteur d’une catégorie à laquelle il n’appartiendra jamais: la variété à texte. Les balloches remplies, Monsieur Wampas va une nouvelle fois glâner la médaille du mérite durant un congé sans solde, et pour une première en solo. N’ayant jamais lâché ce avec quoi il prépare sa retraite, le plus trash des employés de la RATP se la joue punk ouvrier. Ultime survivant de la folie punkatrice, dernier poisson à snober la gaule du fond de son aquarium tactile, depuis le temps qu’il s’agite, on lui souhaite un destin toujours plus électrique, mais pas celui de Clo-clo.
Trop de « djeunz » pensent que le rock à banane a été inventé par les « baise-balls » ou pire, que le punk français est mort à la dissolution de Kyo. Le cheminot de 49 ans est là pour remettre les pendules à l’heure. C’est à Los Angeles que « Taisez-moi » s’est construit, porté par une couleur pop Beatles et des mélodies Kinks (« Magique »). Si les ricains n’étaient pas là, il resterait au moins les British. Alors quand Didier défend Sardou, on croit rêver (« Chanteur de droite »), même s’il savait qu’après Manu Chao, Louise Attaque, Chirac ou Universal, sa future proie musicale allait faire parler. Chanter l’amour au premier degré s’avère plus léger (« Magritte »), et alors? Avec Wampas, on n’est pas dans un match truqué, on accepte une certaine soumission (« Par dessus la troisième corde »), qui, au fil de ce disque inhabituellement calme, finit par nous faire marrer comme toujours (« Punk ouvrier »), mais avec la larme à l’oeil (« La propriété c’est du vol », « Ainsi parlait Didier Wampas »). Plus proche de la fantaisie que de la folie, Didier fait du rock une chose simple et facile à avaler, un tourbillon juke-box, une parenthèse chiadée, un truc où il se laisse porter. Au sens figuré cette fois…
Disponible en CD (Disques Office)
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