The Tree of Life, dont les prémices datent de 1970 juste après les Moissons du ciel, était appelé « projet Q ». Il devait parler des origines de la vie sur terre. Bien trop ambitieux pour l’époque, il fut abandonné. Mais certains éléments furent réutilisés pour cet Arbre de vie qui nous intéresse dans cette « critique ». Je mets le mot entre guillemets car, selon moi, il est vraiment difficile de faire une analyse du film, tant il peut évoquer de choses à la fois que chacun est en droit de le comprendre à sa façon. Il faut aussi savoir que c’était Heath Ledger, le Jocker damné, qui devait tenir le premier rôle récupéré par Brad Pitt et interprété avec brio. Pour finir, avant de parler du film, il est important de savoir que si Terrence Malick n’a pas voulu venir à Cannes pour le défendre (des rumeurs le disaient dans la salle au moment de la projection du film ainsi qu’à la remise de prix, sa sempiternelle timidité ne l’aidant pas à se montrer), c’est pour que chacun le découvre et le prenne à sa manière, comme un poème qu’il aurait écrit et qui nous toucherait selon notre sensibilité, notre vécu, notre amour des choses, notre façon de nous remettre en question et de prendre de la distance sur la vie.
Si on devait vraiment résumer le sujet principal du film, je parlerais de la création et l’évolution. Mais encore c’est une analyse/critique de notre société, de son influence ainsi que du poids qu’elle a sur nous; de cette maladie à éternellement se comparer aux autres, vouloir une plus grande maison et une pelouse plus verte et mieux soignée; aussi de notre mode de vie et de notre oubli des choses primaires en grandissant, de la perte de cet émerveillement qui, en devenant adulte, cède sa place aux responsabilités, au quotidien dans lequel il faut se battre pour avoir sa place. C’est également le passage du plaisir non réfléchi au devoir à accomplir, de la nature à une société urbaine dans laquelle les villes aux murs froids nous font oublier les champs et forêts qui peuplaient nos histoires de gosses. En voulant devenir ce que l’on n’est pas, on s’enterre vivant pour oublier l’essentiel, passer du temps en compagnie de ceux que l’on aime et les chérir. Tout ceci montré au travers d’une famille américaine dans les années 50, confrontée au deuil, à la course à l’argent et à un père autoritaire rêvant d’enfants parfaits qui seraient ce qu’il n’a pu être. Puis, après avoir vécu le film, malgré tous ces sujets abordés, on découvre que c’est infiniment plus que ça. Une pierre d’angle posée au milieu du septième art pour s’imposer devant tous les autres métrages comme une évolution, voire une révolution. Si forte qu’elle se verrait directement comparée au passage du cinéma muet au parlant ou du noir/blanc à la couleur.
Maintenant, place au ressenti : c’était comment? ENORME, BOULEVERSANT. D’une puissance narrative et émotionnelle hallucinante… que dire de ses images divines gravées à jamais ? De ses musiques enivrantes et inoubliables ? Et par dessus tout du plaisir qui s’en dégage ??? Pour ma part, c’est une date gravée à jamais dans ma vie de cinéphile. Et si il n’y a qu’un pas à franchir pour dire que c’est le plus beau métrage qu’il m’ait été donné de voir, sincèrement, je le franchirais sans hésiter. J’ai passé deux heures et demi la bouche ouverte d’admiration et le sourire aux lèvres. C’est certain qu’il faut ouvrir son âme et son cœur avant d’entrer dans la salle. Se dire que l’on embarque pour un magnifique voyage, d’un génie visuel infini qui invite à une longue réflexion nous hantant longtemps après sa vision et qui ne laissera de toute façon personne indifférent. Une espèce de grand huit nous faisant passer par une ribambelle d’états physiques et psychiques différents. Il faut vider son esprit pour apprécier, de la façon la plus brute possible, une histoire universelle qui parle de tout un chacun.
On pourrait en parler des heures, mais c’est une expérience tellement transportante et personnelle qu’il faut vivre, que je ne peux que vous conseiller de vous faire votre propre avis en allant voir ce chef d’œuvre métaphysique. J’espère que vous l’apprécierez autant que moi.
Je n’osais rêver d’un jour où un réalisateur transcenderait le 7ème art pour offrir au monde une prière universelle qui, quelle que soit notre origine, notre religion ou notre ethnie, nous parlerait à tous de notre terre, notre vie, et du respect qu’il faut avoir pour tout ceci. Nous ne sommes là que le temps d’un battement d’aile de papillon alors… aimons et profitons!
Pour conclure je voulais juste dire : merci Terrence Malick pour ce magnifique poème, ode à notre terre.
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