Vingt ans après « Nevermind », il est temps de faire les comptes. Deux décennies après ce moment brut, cette déflagration générationnelle, ce disque infirme de sentiments, peut-on encore parler ouvertement de Grunge? Dave Grohl (et ses Foo Fighters) sont les seuls rescapés musicaux de Nirvana – l’ex-bassiste Krist Novoselic au prénom prédestiné a tâté un temps de la…politique. Mister frappeur, rythmique tonitruante de l’ouragan Nirvana avait déjà sa petite idée derrière la tête qui germait au fur et à mesure que Cobain se ruinait les veines. Entré en studio dès 1994 pour mettre en boîte le premier album éponyme du groupe et malgré une volonté réelle de se démarquer de Nirvana, Dave Grohl n’a pas coupé le cordon tout de suite. C’est quelques disques plus tard et couvert de platines que l’ex-batteur passé au chant va faire évoluer le son des Foo Fighters vers un univers toujours trash mais plus formaté et moins porteur de l’esprit Grunge. Au bout du compte, le groupe va squatter MTV à chaque nouvel album et leurs clips superbement réalisés n’en finiront plus de fissurer vos triples foyers. Ah si on pouvait jouer aussi fort que les Foo Fighters…
Quatre ans après « Echoes, Silence, Patience & Grace », la formation de Seattle décida de choisir Butch Vig pour encadrer ce « Wasting light », au son plus pur et spontané. La boule dans la gorge du débutant? Dave Grohl ne l’a plus, depuis longtemps. Il va même la recracher d’entrée, histoire de mettre tout le monde d’accord (« Bridge Burning »). Au feu! Le clébard Grohl a pour idole Lemmy Kilmister, ne l’oublions pas. Histoire d’arriver à sa cheville, faut sortir ce que tu as dans le bide. Lacère-toi, brise-toi les os, pends-toi, gigote, ça commence à venir (« Rope », « White Limo »). Sûrement au four et au moulin en studio, Grohl ne pourra pas mentir longtemps: les fûts lui appartiennent (« Dear Rosemary », « Alandria »), les riffs chargés s’accumulent (« Miss the misery ») et l’album finit par faire sauter les plombs (« Walk »). Plus de lumière? Ai-je perdu la vue? Pas grave, de toute façon mes oreilles aussi ne sont plus. Répétitifs, plus trop inventifs, la bande à Grohl ne perd pas en qualité ni en intensité et livre un « Wasting light » plein de bruit régénérant malgré tout, bannissant à jamais un monde silencieux et épuré. Comme un lion apprivoisé, ce « faiseur de tubes » rugit toujours mais on sent qu’il a les griffes arrondies et peut-être même qu’il ronronne quand on lui donne la pâté. A voir sur scène, l’effet saturé et bruitiste des Foo Fighters ne fonctionne que si l’on accepte de s’automutiler le cerveau à coups de décibels.
Disponible en CD et Vinyl
En concert au Greenfield Festival du 9 au 11 Juin 2011
Commandez vos places
Laisser un commentaire