Festival Les Georges 2015
Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi | Samedi
Mercredi
Première soirée payante et déjà sold out lorsque je franchi le portique. Un certain… Bregovic doit passer ce soir avec son orchestre pour toute occasion. Il paraît qu’on attend du monde. A nouveau le temps est au beau fixe, avec soleil de plomb en prime. Mais c’est dans l’esprit du folk et de la country que la soirée démarre, avec les sédunois de Yellow Teeth, emmenés par la voix douce et rocailleuse de Titziano Zandonella égrainant au fur et à mesure des gemmes de mélancolies tirées de leur dernier album Night Birds comme The Ages, Lou Jane ou encore Black Shores. Accompagnés depuis quelques concerts par un guitariste de luxe, Sacha Ruffieux, les musiciens évoquent de belles pages rappelant les épopées des pionniers du genre tels Neil Young, Johnny Cash, Hank Jones.
En guise de deuxième plat, c’est une spécialité hollandaise qui est sur le point d’être servie. Trop peu connus à mon avis, mais encensés par la critique pour leur album I_Con, les musiciens du groupe De Staat n’ont pas leur pareil pour mettre le feu durant leurs concerts. Leur coller une étiquette serait peine perdue, car sans réinventer la roue ils font preuve d’une ingéniosité hors du commun à assembler les genres laissant çà et là de subtiles impressions de déjà vu, autant de pistes pour emmener leurs auditeurs dans un rodéo sonore.
All Is Dull, leur morceau d’ouverture ferait furieusement penser aux chorus de Lonely Boy (The Black Keys) en plus groovy et orienté guitare, mais dès qu’ils passent à Down Town ou un peu plus tard Input Source Select cela tourne Beastie Boys (resp. Sabotage et Remote Control). Lorsqu’on éprouve la curieuse expérience du funky dark Sweatshop bien stoner sur la rythmique on déboule sur un Devil’s Blood, shoegaze à mort avec sa petite introduction de synthés à la Moby, planant à souhait et absolument magnifique. De là on se dit qu’on aura tout vu dans ce qu’ils peuvent produire de bizarroïde… et bien on a tort ! Avec Old MacDonald Don’t Have No Farm No More, on atteint les sommets du punk cake hollandais, percussif et marching band, Torre Florim appellant au nettoyage de cette putain de ferme façon Happy Tree Friends: « Get that cow, Face to the east, Slice that throat, Get ready for the feast… » La vache, le porc, le mouton, ils y passent tous sauf… les Duck Duck qui ont fui la veille. Après l’élevage intensif de chansons enfantines débiles (je vous laisserai aller écouter l’original), place à la boucherie intensive ! Faudrait qu’ils s’occupent des télétubbies une fois…
Après une nouvelle composition, Kermis song et quelques épisodes encore bien barrés comme le Rooster-Man, Fantastic Journey Of The Underground Man ou encore Make Way For Passenger, ils en terminent en apothéose sur une séance vaudou galvanisée à l’industrial noise core avec le terrible Witch Doctor laissant un parterre de festivaliers conquis et euphoriques. On s’est demandé quand même si des gars en blouse blanche ne les attendaient pas à la sortie… De Staat un de ces groupes trop méconnu qui porte pourtant cette marque du génie d’assembler un ambitieux et inventif patchwork musicale et sonore. A écouter, à voir et à revoir !
Mais voilà l’évènement du jour, la place Python est pleine à craquer pour accueillir Goran Bregovic et son Wedding and Funeral Orchestra. Une bonne partie de la communauté slave est aussi présente pour partager ce moment de bonheur et d’amitié.
Au programme, un petit florilège de ses plus belles compositions, en particulier celles de l’album Champagne for Gypsies, fruit de nombreuses collaborations avec notamment les Gispy Kings (Balkaneros), Gogol Bordelo (Quantum Utopia), sans oublier Stephan Eicher (Fertig chanté en Bärndütsch) et aussi le magnifique Ederlezi (Le Temps des Gitans) mettant en évidence les deux choristes aux voix slaves si caractéristiques.Toujours infatigable la section des vents (trompette, bugle, sax tenor et 2 barytons) fait preuve d’une agilité éblouissante déroulant une orgie d’appogiatures propre aux fanfares tziganes dont cette tradition de jouer à vue et à l’instinct désarme toujours autant.
Lancés par la charge de cavalerie à la trompette version tzigane auquel répond un prompt « Un ! Deux ! Trois ! Quatre ! … Chargez !! » du public, les musiciens en finissent sur un final survolté avec le célébrissime Kalasnjikov.
Au-delà du simple concert c’est aussi un message universel que ces musiciens dispensent : « Make music, not war ! »
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