Créateur et scénariste de la mythique série American Splendor, Harvey Pekar est mort le 12 juillet dernier peu avant 1 heure, à l’âge de 70 ans. Le comics underground américain pleure ainsi un des pionniers la BD autobiographique et une des personnalités les plus marquantes de son histoire. Seth, Chester Brown, Joe Matt… tous lui doivent quelque chose.
C’est une autobiographie écrite au jour le jour. Ça parle de survie, d’avoir un travail, de trouver une compagne, d’avoir en endroit où dormir, de pouvoir être créatif. La vie est une guerre d’attrition. On doit rester actif sur tous les fronts, une chose après l’autre. J’ai essayé de contrôler un univers chaotique: c’est une bataille perdue d’avance. Mais je ne peux pas m’arrêter. J’ai essayé, mais je n’y arrive pas. C’est de cette manière que Pekar décrivait sa création: une série sans gloire, mais honnête.
C’est en 1976 que sort le premier numéro d’American Splendor. Dessiné par son grand ami Robert Crumb, il se démarque vite des productions de l’époque et charme rapidement les lecteurs. Ceux-ci y trouvent des sujets qui les concernent, ils se reconnaissent vite dans ce personnage blasé et apathique qui essaie tant bien que mal de vivre dans une société en pleine dépression.À l’époque, Pekar est employé dans les archives d’un hôpital pour vétérans. Il raconte l’ambiance qui y règne, il croque ses collègues (qui seront ravis d’être dans une BD), il parle de ses frustrations quotidiennes, de son ami cinéphile et attardé, de sa relation de couple, etc.
Liant réalité et bande dessinée, il décrit sans fards sa vie de tous les jours et donne à ses compatriotes un recul inédit sur leur quotidien. American Splendor devient alors vite un phénomène et Pekar est invité huit fois au Late Night Show de David Letterman. Le public l’adore pour son authenticité et pour son côté révolté, qui assure toujours des émissions mouvementées.De plus en plus allergique à la célébrité, il se fait alors plus discret et se concentre sur son travail d’auteur, tout en continuant son travail à l’hôpital.
Parallèlement à American Splendor, il publiera au cours des années plusieurs autres comics, dont Our cancer year, qui raconte son combat contre le cancer, et The quitter, qui chronique ses années de jeunesse. En 2003, American Splendor fait l’objet d’un film, mi-documentaire, mi-adaptation. Paul Giamatti y campe un Harvey Pekar exactement comme on se l’imaginait et fait de ce film une vraie réussite. Par la suite, Pekar racontera son expérience sur le film et ses effets sur sa vie dans Our movie year.
C’est en septembre 2008 que la série s’arrête définitivement, après 32 ans de publication. Elle sera passée par trois éditeurs (Pekar, Dark Horse et DC) et aura été dessinée par une pléthore de grands artistes, dont Chester Brown, Alison Bechdel, Alan Moore, Joe Sacco, Richard Corben, Eddie Campbell, Gilbert Hernandez, etc.Peu connues de ce côté de l’Atlantique, les œuvres de Pekar se font rares en version française. Les éditions Ca et Là réédite les anthologies d’American Splendor, le volume 1 est déjà disponible et le volume 2 sortira fin octobre 2010. The Quitter est disponible chez Panini Comics et Cornélius devrait sortir Harv’n Bob à la rentrée.
D’Harvey Pekar, on retiendra sa personnalité authentique, sa créativité et son héritage qui ne cesse encore aujourd’hui d’inspirer de nouveaux auteurs.
Harvey’s dead, long live American Splendor.
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